Chirurgie
Pour une personne atteinte d'un cancer du pancréas, la chirurgie constitue l'approche recommandée si l'on veut maximiser ses chances de guérison. Toutefois, la chirurgie n'est indiquée que pour les cancers localisés à l'intérieur du pancréas, sans métastasesUn foyer de cellules cancéreuses qui s'est formé quand des cellules de la tumeur cancéreuse initiale se sont propagées par la circulation sanguine ou lymphatique. à l'extérieur du pancréas, et qui ne sont pas accolés à des structures qui ne peuvent pas être enlevées (comme des vaisseaux sanguins importants). Cette chirurgie est l'une des plus complexes qui peut être réalisée dans l'abdomen, et c'est pourquoi elle est habituellement faite dans des hôpitaux spécialisés.
L'objectif de la chirurgie est de retirer votre cancer avec un pourtour de tissu sain autour de la tumeurUne masse de cellules à croissance anormale et sans utilité pour le corps. Les tumeurs peuvent être bénignes ou malignes.. De cette façon, il est possible de s'assurer que les cellules cancéreuses ont été toutes enlevées. Habituellement, les ganglions autour du pancréas sont enlevés en même temps que le cancer. Les ganglions sont des petites boules qui se retrouvent partout dans le corps. Ils servent de filtre et nous défendent contre les infections. Lorsque des cellules cancéreuses commencent à se détacher de la tumeur, elles se retrouvent habituellement en premier dans les ganglions qui filtrent les alentours de la tumeur. Lorsque les cellules cancéreuses se retrouvent prisonnières d'un ganglion, elles peuvent commencer à y pousser pour former une métastase. Lorsque les ganglions sont atteints par le cancer du pancréas, la maladie est considérée plus agressive et aura souvent plus tendance à récidiver même si la chirurgie a permis d'enlever tout le cancer qui était visible.
Pour enlever une tumeur située dans la tête du pancréas, il est nécessaire de retirer plusieurs organes en même temps parce que la tête du pancréas est collée sur ces organes. Cette chirurgie est appelée procédure de Whipple, en l'honneur du chirurgien qui l'a décrite. La tête du pancréas est en effet indissociable du début de l'intestin (le duodénum) et de la fin du canal de la bileLiquide jaune et amer fabriqué par le foie et destiné à aider les intestins dans la digestion des graisses en provenance du foie. Pour retirer la tête du pancréas, il est donc nécessaire d'enlever environ 30% du pancréas, le duodénum (20 cm d'intestin), la fin du canal de la bile, la vésicule biliaireOrgane en forme de poire qui emmagasine la bile jusqu'à ce que le corps l'utilise pour faciliter la digestion. et parfois une partie de l'estomac, selon la technique utilisée. Ces organes sont situés près de vaisseaux sanguins vitaux et il faudra souvent au chirurgien quelques heures pour enlever ces organes et la tumeur. Une fois la pièce enlevée, il faut reconnecter les différents organes ensemble. Il y aura trois connections : le pancréas restant, le canal de la bile et l'estomac qui seront tous reconnectés avec l'intestin. Il s'agit d'une longue chirurgie, d'une durée moyenne de 6 à 7 heures. Une surveillance aux soins intensifs est parfois requise après l'intervention. Les complications les plus fréquentes de cette chirurgie sont une mauvaise guérison de la connexion entre le pancréas et l'intestin (fistule) et un ralentissement de l'estomac qui peut rendre l'alimentation difficile.
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*Zone grise: organes qui seront réséqués lors d'une duodénopancréatectomie céphalique (procédure de Whipple). |
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*Anastomose du petit intestin avec le pancréas et la voie biliaire après résection. |
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*Montage final une fois la procédure de Whipple complétée avec préservation pylorique (appelée procédure de Longmire). |
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*Montage final une fois la procédure de Whipple complétée sans préservation pylorique (procédure classique). |
* Cette figure est issue de : Jaeck D, Boudjema K, Bachellier P, Weber JC, Asensio T et Wolf P. Exérèses pancréatiques céphaliques : duodénopancréatectomies céphaliques. EMC Techniques chirurgicales – Appareil digestif 1998;1(1):1-17 [Article 40-880-B]. Copyright © 1998 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
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Si votre cancer est situé dans la queue du pancréas, la chirurgie consiste alors à enlever la partie gauche du pancréas et souvent la rate. La rate est en effet considérée comme un gros ganglion. Cette opération est plus courte et ne nécessite pas de connexion ou de reconstruction avec l'intestin. Il y a toutefois un risque que l'endroit où le pancréas a été sectionné guérisse difficilement. Il peut alors y avoir un écoulement de liquide pancréatique (fistule). L'estomac peut également montrer des signes de ralentissement ce qui peut rendre l'alimentation difficile
Le fait d'enlever une partie du canal de la bile et une partie de l'intestin n'est habituellement pas associé à des troubles de fonctionnement de la digestion. Il est possible également d'enlever une partie significative de pancréas sans conséquence particulière. Toutefois, plus il y a de pancréas enlevé, plus le patient sera à risque de développer un diabète (surtout s'il y a plus de 50-75% d'enlevé). Rarement, certaines personnes peuvent aussi développer un manque d'enzymesSubstances qui favorisent des réactions chimiques particulières, comme celles qui permettent de digérer les aliments dans l'intestin. pour la digestion, ce qui entraine des diarrhées et une perte de poids. Heureusement, ces deux conditions peuvent être traitées par une médication adéquate. Si la rate doit être retirée, une vaccination contre certaines infections est alors nécessaire.
Il arrive parfois que le chirurgien découvre, pendant la chirurgie, que le cancer se soit répandu à d'autres organes ou que le cancer ne peut tout simplement pas être enlevé (habituellement parce que la tumeur a envahit des vaisseaux majeurs). Même si les examens effectués avant la chirurgie sont très précis, il est possible qu'ils n'aient pas détecté les très petits dépôts de cellules cancéreuses. Lorsqu'une telle découverte est faite, une chirurgie visant à retirer la tumeur s'avère inutile. Mais Il est parfois tout de même indiqué de faire une chirurgie pour contrôler les symptômes, comme, par exemple, enlever une obstruction du canal de la bile pour soulager la jaunisseColoration jaune de la peau due à l'accumulation de bilirubine ou encore pour permettre à l'estomac de se vider directement dans l'intestin si le cancer du pancréas menace de le bloquer.
Même si la chirurgie offre la meilleure chance de guérison, le cancer du pancréas est une maladie agressive. Il reviendra chez près de 8 patients sur 10, même si tout le cancer a été enlevé. Une chimiothérapie est donc souvent recommandée après la chirurgie, lorsque la convalescence est complétée. Son objectif est de diminuer les risques de récidive.
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